"Matriochka", cette nouvelle campagne de désinformation anti-ukrainienne qui vise les médias occidentaux

par TD avec AFP
Publié le 27 janvier 2024 à 13h01, mis à jour le 8 février 2024 à 15h20

Source : TF1 Info

L'Agence France Presse a enquêté sur une campagne de désinformation et de déstabilisation menée en ligne.
Surnommée "Matriochka", elle vise à interpeller les médias occidentaux pour leur demander de vérifier une série d'informations.
Ces manœuvres, orchestrées par des centaines de comptes, évoquent l'opération "Doppelganger", dévoilée ces derniers mois.

Il y a quelques mois, la France accusait Moscou de mener une vaste opération d'ingérence numérique. Une campagne de désinformation surnommée "Doppelganger" visant plusieurs quotidiens français. Des médias que des hackers ont cherché à faire passer comme hostiles à l'Ukraine. Aujourd'hui, c'est derrière une autre opération menée en ligne (nommée "Matriochka") que l'on retrouve l'ombre de la Russie. Elle vise toujours les médias, mais les méthodes ont évolué. 

Une entreprise massive de diversion

"Vérifiez cette information, s'il vous plaît" : voici le genre de message qui se multiplient depuis septembre sur les réseaux sociaux, à destination des médias occidentaux. Les manœuvres de désinformation en ligne attribuée à la Russie ne consistent désormais plus seulement à relayer des infox anti-ukrainiennes, mais se caractérisent aussi par le fait d'interpeller directement des organes de presse, radios et autres chaînes de télévision pour les inciter à les vérifier. Des experts y voient ainsi une vaste "entreprise de diversion" à destination des journalistes et alertent sur le sujet. 

L'Agence France Presse a enquêté et rapporte que ce mode opératoire a été surnommé l’opération "Matriochka" ou "poupées russes". Un nom choisi par le collectif "Antibot4Navalny", spécialisé dans l'identification et l'analyse des opérations d’influence en lien avec la Russie conduites sur la plateforme X. L'AFP illustre cette campagne avec l'exemple d'une internaute dissimulée sous le pseudonyme "Käthe", qui a notamment commenté sur X le 4 décembre une publication de BFM. Elle demandait alors à la chaîne de vérifier une vidéo laissant penser à un reportage de la télévision allemande Deutsche Welle. Une séquence prêtant à croire qu'un "artiste ukrainien a scié la Tour Eiffel". L'internaute poursuivait avec le message suivant son interpellation du média : "Je vois ce genre d'informations tous les jours. Les médias officiels n'en parlent pas, que dois-je croire ?"

De telles publications ne sont pas isolées. En quelques heures, ce profil a pris soin d'interpeller d'une manière identique des dizaines de médias français. S'ensuivit une période d'inactivité, avant que fin décembre, il ne diffuse un graffiti caricaturant le président Zelensky en SDF dans la ville de Los Angeles. Le processus est alors rodé : un autre compte demande à son tour à des médias de vérifier ce visuel, et ainsi de suite.

Les investigations de l'AFP et du collectif "Antibot4Navalny" mettent en lumière l’existence de dizaines, voire de centaines de profils. Tous ont recours à cette même stratégie d’interpellation massive des médias. Il s’agit généralement de comptes laissés à l’abandon par leur propriétaire et qui ont été piratés. Des indices trahissent l'action de "bots", en particulier des publications à des rythmes des soutenus, de plusieurs messages par minutes. Un flux très dense qui conduit à inonder les réseaux sociaux. 

Les sujets qui sont mis en avant et font l'objet de demandes de vérifications sont variés. Vols dans les catacombes de Paris par un Ukrainien, détournements d'aides militaires à l'Ukraine, mais aussi graffitis de Zelensky inventés ou fausses publicités sur Times Square. Des points communs les relient : ces publications mettent en effet toujours en cause des Ukrainiens. Leur profusion cherche à attiser l'idée d'une lassitude des Européens et des Américains à l'égard de Kiev.


TD avec AFP

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