Meurtre de Karine Pialle : l'ex-femme de Michel Pialle raconte ses dix années passées avec un "mythomane"

par A.S Maurine Bajac
Publié le 16 juin 2023 à 17h37, mis à jour le 17 juin 2023 à 12h07

Source : JT 20h Semaine

Michel Pialle a reconnu, jeudi en garde à vue, avoir tué sa femme Karine Pialle, portée disparue depuis le 27 mars en Vendée.
Des aveux prononcés après des semaines de mensonges où il affirmait que son épouse avait quitté volontairement le domicile familial.
Des affabulations dont il sera coutumier, selon sa première épouse, qui a témoigné auprès de TF1info.

Ils se sont rencontrés au milieu des années 90 dans la plus belle ville du monde et jamais elle n'aurait pu imaginer la tournure qu'allait prendre sa vie. À cette époque, Malorie* est serveuse dans un restaurant parisien. Michel Pialle, lui, travaille comme voiturier au Flamingo's, rue Dauphine, dans le 6e arrondissement de la capitale. Très rapidement, la jeune femme tombe enceinte. Le jeune couple, qui file le parfait amour, s'installe dans un fasthotel dans le 15e arrondissement avant de prendre la direction de la Martinique. C'est alors que le quotidien de Malorie commence à changer et au fil des années, la jeune femme est victime des addictions, travers et autres mensonges de son époux qu'elle décrit aujourd'hui comme un "mythomane". 

De la Martinique à la Haute-Savoie

À son arrivée en Martinique, après un voyage en voilier, la situation dégénère. Malorie accuse Michel Pialle d'avoir saisi l'occasion pour tout faire faire pour l'isoler de sa famille. Sur place, son époux, embauché comme commercial pour la radio locale "Maxxi FM", devient également addict des jeux de hasard et passe beaucoup de temps à jouer au casino, développant un goût prononcé pour le tiercé. Malgré tout, le couple déménage et s'installe dans la vile de Saint-Maurice, sur l'île des Antilles, avant de se marier marie le 3 mai 1997.  

Michel souhaite alors développer "un projet de bornes interactives". Mais sur place, il ne parvient pas à mener son plan à bien, forçant les époux à rentrer en France où ils s'installent en Haute-Savoie. Lui trouve un emploi dans une boîte de nuit de la région et Malorie tombe enceinte de leur deuxième enfant qui naîtra en 2000. 

Un "rendez-vous" avec Dassault

Son nouveau poste en France métropolitaine n'empêche pas Michel Pialle de poursuivre ses ambitions. Selon lui, un investisseur suisse est d'ailleurs intéressé par ses "bornes interactives", tout comme le groupe immobilier Fabre Domergue, avec lequel il dit avoir signé un contrat de 500.000 francs. Son projet, assure-t-il à son épouse, aiguise les appétits. 

Selon lui, l'entreprise Dassault fait partie des plus intéressés. "En février 1999, Michel me dit qu'il a rendez-vous avec Serge Dassault. Le soir, il me dit que ça se passe bien et qu'il achète le projet 15 millions de francs. Je saute de joie, fière de lui", se souvient Malorie. 

Mais les jours passent et l'argent ne vient pas. Les choses se compliquent pour le couple, les retards de loyers s'accumulent. Lorsque Malorie commence à s'inquiéter sérieusement, Michel lui trouve mille excuses. Il prétend entre autres que "l’avocat de Dassault veut verser l’argent aux Bahamas sous un autre nom" avant d'avouer à sa femme que le brevet n’a pas été validé par l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) et par conséquent le contrat de vente n’est plus valable. "Tout s’effondre autour de moi. Michel nous annonce que la vente est annulée et qu’il a signé l’annulation du projet. Il donne rendez-vous à son père et lui avoue qu’il n’y a pas de contrat avec Dassault. Il fait promettre à son père de ne pas me le dire", poursuit-elle. 

"Lieutenant dans les services spéciaux" et "tireur d'élite"

La famille, désormais au nombre de quatre, connaît des moments difficiles et est contrainte à changer de logement souvent, faute d'argent. Michel Pialle finit par révéler à sa femme un grand secret. "Michel me parle de l’Armée. Il me dit être lieutenant dans les services spéciaux et que parfois quand il partait une semaine ce n’était que pour nos affaires. Il me dit être tireur d’élite, que c’est top secret, que personne n’est au courant", relate Malorie à TF1info. "Il me répond avec précision comme s'il y était. Me raconte ses missions, comment cela s’organise, me donne une foule de détails. Je n’en reviens pas, je me dis que je ne connais pas vraiment la personne avec qui je suis mariée", se souvient-elle.  

Malorie croit pourtant son mari. Jusqu'au soir où, alors qu'elle attend Michel depuis des heures et qu'elle est très inquiète, le téléphone du domicile sonne. "C’est Michel qui m’annonce qu’il est à l’hôpital et que son père va m’appeler. Gilbert m’apprend que depuis deux ans tout ce que son fils a raconté est faux. Nous n’avons jamais eu cet argent. Tout est inventé, il parlait au téléphone tout seul, il a inventé les noms des gens. C’est comme si je recevais un énorme coup de massue sur la tête, je n’arrive pas à réaliser ce qui nous arrive. Je passe la nuit à pleurer..."

Internement en psychiatrie et rencontre avec Karine Pialle

Nous sommes alors en 2002, et Michel Pialle vient d'être interné en psychiatrie. C'est là qu'il rencontre sa future femme, Karine Esquivillon, 21 ans avant lui donner la mort. Une rencontre dont Malorie ne saura rien jusqu'à la sortie de son époux de l'hôpital. "Il appelle son père pour lui dire qu’il sort de la clinique, qu’il va vivre chez un copain à Nanterre. Je me doute qu’il n’est pas chez cet ami", explique Malorie. Celle-ci a déjà des soupçons. "Pour moi, il est plutôt chez cette fille de la clinique, car son numéro de portable atterri sur une messagerie : Karine et Michel".

Malorie poursuit son mari en justice pour "abandon de famille" et "non-paiement d'une pension ou d'une prestation alimentaire". Une expertise psychologique est demandée par le juge aux affaires familiales. Le docteur conclut à "un comportement abandonnique lourd et persistant du père", des "demandes irréalistes et inadaptées", et une "fragilité psychologique et une précarité sociale du père". En 2003, le divorce de Michel Pialle et de Malorie, est prononcé à Beauvais et il est condamné, le 10 mai 2007, à un an d'emprisonnement. Peine pour laquelle il se verra décerner un mandat d'arrêt.  

Le 12 juin 2008, il sera condamné en son absence pour ces mêmes faits à neuf mois d'emprisonnement, dont six mois avec sursis assorti d'un délai d'épreuve de trois années. Selon nos informations, l'homme était déjà connu de la justice : il avait été condamné à neuf reprises entre 1998 et 2021 pour des faits d'escroqueries, d'usages de faux et de contrefaçons.

*Le prénom a été modifié à la demande du témoin


A.S Maurine Bajac

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