Cyberattaques contre Viamedis et Almerys : le tiers payant à l'arrêt, des patients contraints d'avancer les frais

par M.D. | Reportage : Johan Maviert et Quentin Trigodet
Publié le 11 février 2024 à 14h55

Source : JT 20h WE

Le piratage des plateformes de tiers payant risque de décourager certains de s'acheter de nouvelles lunettes.
Elles sont toujours remboursées, mais les clients doivent avancer les frais en attendant la sécurisation du système informatique.
Une contrainte dont les opticiens pâtissent clairement en ce moment.

C’est l’une des conséquences du piratage informatique de Viamedis et Almerys, deux sociétés qui assurent la gestion du tiers payant pour le compte des complémentaires santé de plusieurs millions d’assurés sociaux en France. Cette cyberattaque a conduit au vol de données personnelles (état civil, date de naissance) et de santé (numéro de Sécurité sociale, nom de la complémentaire santé, garanties du contrat) de quelque "33 millions de personnes", selon une estimation de la Cnil, le gendarme de la vie privée en matière numérique.

Mises à l’arrêt depuis, les plateformes de tiers payant Viademis et Almerys ne sont plus accessibles. "La pratique, c’est de tout fermer, puis de rouvrir petit à petit les services pour lesquels on est sûr qu’il n’y a aucun risque", explique Corinne Henin, experte en sécurité informatique, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. En attendant, de nombreux patients sont contraints d’avancer les frais. C’est le cas de Charlotte, rencontré par notre équipe, qui doit se rendre chez son opticien, comme tous les mois, pour récupérer de nouvelles lentilles.

Cette fois-ci, contrairement à d’habitude, elle va devoir passer à la caisse, car son opticienne ne peut plus avancer les frais auprès de sa mutuelle. "Ce sont les lentilles que je mets tous les jours pour voir clair. Pour le coup, je peux difficilement m’en passer", explique, au micro de TF1. 

Cette fuite massive de données n’est pas non plus sans conséquences pour les opticiens. "On ne peut plus faire de devis pour nos clients ni de demande de prise en charge ou de facturation de dossiers qui sont en cours. On ne peut pas non plus se faire régler les parties que nous avons livrées en magasin. Les gens sont repartis avec leurs lunettes, mais on ne peut pas se faire payer la partie mutuelle", explique Charlène Delaby, opticienne à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Des sommes qui se chiffrent en centaines d’euros.

Autre conséquence, un certain nombre de patients préfèrent différer leur rendez-vous, faute de prise de charge "On a aussi perdu des clients. Il y a des gens qui ne veulent pas faire leurs lunettes, parce qu’on ne peut pas faire de demandes de prise en charge. Ils ne veulent pas faire l’avance des frais", explique l’opticienne. La remise en route des deux plateformes devrait prendre encore plusieurs jours.


M.D. | Reportage : Johan Maviert et Quentin Trigodet

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