VIDÉO - Ligne LGV Bordeaux-Toulouse : la révolte d'un couple de riverains qui refuse de payer

par M.L | Reportage TF1 Erwan Braem et Christophe Brousseau
Publié le 14 octobre 2023 à 7h30

Source : JT 13h Semaine

En Gironde, des habitants refusent de régler une taxe visant à financer les travaux d'un train à grande vitesse reliant Toulouse à Bordeaux, un projet très contesté.
Selon eux, la ligne ne leur profitera pas et la construction abîmera les sites naturels de la région.
Plus de 2300 communes seront concernées par cette contribution.

Leurs relevés à la main, Aurélie Mallard et Loïc Kersaudy sont révoltés. Une nouvelle taxe a été ajoutée sur l'impôt foncier du couple, destinée à financer la ligne à grande vitesse qui doit être construite à quelques centaines de mètres de chez eux, dans le parc naturel de Gascogne. "On doit payer pour un projet qui va détruire tout un écosystème", fulmine la résidente de Balizac, en Gironde, dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article. Favorable à une "rénovation des trains", Aurélie Mallard est en revanche vent debout contre ce projet de construction : "détruire la forêt, bétonner les sols au profit de la vitesse, on est complètement sur un projet anachronique", regrette-t-elle.

Aux côtés de son compagnon, elle doit payer entre quatre et huit euros par an pendant 40 ans pour financer des travaux estimés à 14 milliards d'euros. Une somme que le couple refuse de verser. "C'est notre moyen de contester ce projet. L'enquête publique est défavorable, notre lutte est légitime", martèle Loïc Kersaudy.

"Un désastre"

À une demi-heure de là, Renaud et son père Francis Cardouat ont eu aussi beaucoup de mal à imaginer le futur décor de leur village de Bernos-Beaulac, pour l'heure niché au milieu de grands espaces verts. Le projet, hors normes, doit prendre place juste à côté de leur maison. "On aura du bruit toute la journée", déplore le jeune homme. Sa fille dans les bras, il craint que l'enfant "n'ait plus la forêt comme on l'a connue nous, c'est un désastre". "On dit qu'il faut faire de l'écologie une priorité et puis finalement on va détruire", tempête son père.

Selon le projet, initié il y a près de dix ans, deux lignes à grande vitesse devraient voir le jour d'ici à 2030 : un tronçon au départ de Bordeaux se sépare en deux au sud de la ville, une ligne ralliant Dax et l'autre Toulouse. Les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie ont préféré créer des lignes neuves plutôt que de miser sur les voies déjà existantes en les rendant plus performantes. Elles promettent un gain de temps de 20 minutes pour le trajet Bordeaux-Dax et une heure pour Bordeaux-Toulouse.

Mais les habitants ne sont pas les seuls à donner de la voix contre ce projet. Bon nombre d'élus s'y opposent également, comme la maire de Bernos-Beaulac, qui craint pour l'avenir de sa commune. "Nous allons avoir un viaduc de 200 mètres de long et 18 mètres de haut, et deux ponts. Mais je n'y ai aucun intérêt, la commune va être traversée à 300km/h", proteste Jacqueline Lartigue-Renoul, édile sans étiquette. "On nous dit que l'on va nous désenclaver, expliquez-moi comment. Non, vous êtes perdus", s'irrite-t-elle. 

De leur côté, les promoteurs de la LGV se défendent en expliquant vouloir développer le train, un transport plus propre et décarboné. La SNCF Réseau indique sur son site avoir aussi lancé des inventaires écologiques qui seront réalisés jusqu'au printemps prochain, pour recenser les espèces présentes sur les territoires concernés et pour "limiter les impacts" des travaux sur l'environnement local. Mais pour construire ces lignes, il faudra raser près de 3000 hectares de forêt, notamment dans la vallée du Ciron qui fait partie du réseau européen Natura 2000, destiné à protéger le patrimoine naturel riche de ces sites. 

Les habitants restent donc inquiets. "On va avoir une construction gigantesque", déplore Didier Bordes sur un chemin de promenade, pointant un ruisseau qui traverse la forêt. Pour ce résident de Bernos-Beaulac, la principale crainte, "c'est que l'on nous promet dix ans de travaux". "Ce sont des nuisances non seulement de l'existant, après (les travaux), mais le pendant m'inquiète aussi beaucoup", relève-t-il. La région Nouvelle-Aquitaine prévoit le début des travaux avant de la fin de l'année, mais les opposants au projet attendent toujours les résultats de trois recours devant la justice administrative. 


M.L | Reportage TF1 Erwan Braem et Christophe Brousseau

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