Menaces d'attentat contre des collèges et des lycées : ce que l'on sait

par Aurélie SARROT avec le service Police-Justice de LCI-TF1
Publié le 21 mars 2024 à 18h07, mis à jour le 25 mars 2024 à 13h21

Source : TF1 Info

Mercredi, des menaces ont été envoyées sur l'espace numérique de travail (ENT) à, au moins, une quarantaine d'établissements scolaires franciliens.
Élèves, professeurs, proviseurs et parents y ont eu accès.
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes.

Certains ont découvert le message mercredi 20 mars en fin d'après-midi ou dans la soirée et d'autres, ce jeudi matin au réveil. Tous restent traumatisés après l'avoir consulté. "Comme tous les matins, ma fille Sophie* qui est scolarisée en terminale au lycée Paul Langevin de Suresnes a ouvert son espace numérique de travail pour voir si un professeur était absent, ou s'il n'y avait pas de changement dans son emploi du temps. Elle est tombée sur ce message qu'elle a malheureusement ouvert ", relate Victoria*.

Le message en question utilise le nom d'un élève lambda dont l'identité a été usurpée. Il contient des menaces d'attentat visant le collège ou le lycée du destinataire et une vidéo de décapitation. Il a été envoyé sur l'espace numérique de travail (ENT) de collèges et lycées franciliens auxquels élèves, professeurs, proviseurs et parents ont accès. Selon le ministère de l'Éducation, qui ne donne pas de liste précise, le bilan provisoire fait état d'une quarantaine d'établissements visés. TF1info fait le point sur cette affaire alors que plusieurs enquêtes ont été ouvertes.

Que contient le message ?

Le message de menace contient un texte sans équivoque : "As Salem Aleykum (sic). Nous venons de la part de l'État islamique (...) Ce message a été envoyé à tous les élèves ainsi qu'à toutes les personnes de l'établissement. Jeudi 21 mars, je ferais (sic) exploser l'établissement tout entier vers 11/15h et je décapiterais (sic) tous vos corps de kuffars pour servir Allah tout-puissant qui règne sur le monde (...) J'ai mis du C4 (un puissant explosif, NDLR) partout dans le lycée et dans les classes" écrit l'auteur avant de signer "Gloire à Allah". 

Le mail est accompagné d'une pièce jointe, une vidéo de décapitation de plus d'une minute qui avait été diffusée en 2016 par l'État islamique. Sur les images, Rachid Kassim, propagandiste français de l'organisation djihadiste qui aurait été tué en février 2017, y glorifie au nom de Daech l'attentat de Nice et exécute deux otages à genoux, vêtus de la tenue orange des prisonniers et prétendus espions.

undefinedundefinedDR

Comment ont réagi les destinataires du mail ?

La missive et les terribles images ont engendré des réactions instantanées. "Tout le monde est très choqué, les majeurs, comme les mineurs. Les images sont d'une extrême violence, et le texte qui les accompagnait a de quoi faire peur" commente Victoria. "Certains élèves l'ont effacé tout de suite, d'autres ont fait des captures écran et/ou téléchargés la vidéo. Sur les réseaux sociaux en tout genre, les élèves ont échangé entre eux sur ce mail", poursuit-elle. 

Du côté des établissements, "les services de police ont immédiatement été informés et font le nécessaire pour s'assurer de la sécurité des élèves", assure à TF1info le ministère de l'Éducation. "Des services d'enquête spécialisés sont mobilisés pour identifier le ou les auteurs de ces menaces. Plusieurs levées de doute ont déjà été effectuées entre mercredi soir et jeudi matin", explique-t-il. "Les cours ont été retardés d'une heure dans le lycée de ma fille. À l'arrivée des élèves, les sacs ont été fouillés et il y avait une présence policière particulière", confirme Victoria.

Par ailleurs, l'espace numérique de travail (ENT) des établissements a été très rapidement bloqué pour éviter toute propagation ou multiplications des messages de menaces.

Capture d'écran ENT après les menaces envoyés dans certains lycées
Capture d'écran ENT après les menaces envoyés dans certains lycées - ENT/Éducation Nationale

Le ministère de l'Éducation a condamné sans attendre ces "menaces graves". Il précise que "toute menace visant l'école est prise au sérieux" et indique qu'un "accompagnement psychologique est proposé à tous les élèves ou adultes qui ont visionné malgré eux les vidéos choquantes". Il assure enfin qu'il n'y a "pas de compromission des réseaux internes du fait de l'envoi de ces messages sur des canaux du type environnement numérique de travail (ENT)."

Plusieurs enquêtes ouvertes

La rédaction de TF1info a contacté les différents parquets a priori concernés (Paris et proche banlieue) par ces menaces. "Une enquête est en cours, mais à ce stade, je ne peux vous donner davantage d’éléments", nous a répondu la vice-procureure du parquet de Versailles en milieu de journée. 

Le parquet de Paris indique pour sa part que sa "section de lutte contre la cybercriminalité a été avisée pour le moment de deux plaintes concernant des cyberattaques au préjudice d’ENT parisiens". Une enquête a été ouverte des chefs d’accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, et introduction frauduleuse de données. La Brigade de lutte contre la cybercriminalité, de la direction de la police judiciaire parisienne (BL2C) a été saisie des investigations. "Le parquet de Paris procède au rapprochement avec des faits similaires dont sont saisis d’autres parquets, afin d’envisager une éventuelle centralisation si des recoupements étaient avérés" ajoute-t-il dans sa réponse. 

Les autres parquets n'avaient pas répondu à notre demande à 17 heures. Dans une prise de parole en fin de journée, le Premier ministre Gabriel Attal a, lui, assuré que si les hackers "pensent être anonymes [...] nous les traquons. Ils pensent être à l'abri, mais nous les condamnons"

*Les prénoms ont été modifiés


Aurélie SARROT avec le service Police-Justice de LCI-TF1

Tout
TF1 Info