Sam Bankman-Fried, roi déchu des cryptos, condamné à 25 ans de prison

par Y.R. avec AFP
Publié le 28 mars 2024 à 19h29

Source : Sujet TF1 Info

Sam Bankman-Fried a été condamné, jeudi 28 mars, à 25 ans de prison pour l'une des plus importantes fraudes financières de l'histoire récente.
La superstar déchue des cryptos avait été reconnue coupable en novembre à New York de tous les chefs d'accusation le visant, dont celui de fraude.
Après que le juge a relevé qu'il a commis des parjures à la barre, il a présenté ses excuses, reconnaissant avoir "pris une série de mauvaises décisions".

Son empire valorisé à plusieurs milliards de dollars s'est effondré tel un château de cartes. Roi déchu de la cryptomonnaie, fondateur de la plateforme d'échanges de devises numériques FTX ayant fait faillite en novembre 2022, Sam Bankman-Fried a été condamné à 25 ans de prison, jeudi 28 mars, par un tribunal de New York.

Reconnu coupable notamment de fraude, d'association de malfaiteurs et de blanchiment d'argent, "SBF" - son surnom - a été accusé d'avoir volé 9 milliards de dollars à ses clients.

Lors de l'audience, après que le juge fédéral Lewis Kaplan a relevé que le magnat des cryptos n'avait "jamais eu un mot de remords pour avoir commis un crime terrible" et qu'il avait commis au moins trois parjures durant son témoignage, ainsi qu'une subornation de témoin, le trentenaire à la chevelure fournie a présenté ses excuses, reconnaissant avoir "pris une série de mauvaises décisions". "Beaucoup de personnes ont l'impression qu'on les a laissées tomber, et on les a laissées tomber, j'en suis désolé", a déclaré Sam Bankman-Fried. "Je suis désolé de ce qu'il s'est passé à tous les niveaux".

Je suis désolé
Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX

En l'espace d'un an, ce diplômé de physique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui a fait d'une petite startup, lancée en 2019, la deuxième plateforme mondiale d'échanges de cryptomonnaies, est passé du statut de milliardaire avant 30 ans à celui de criminel. Il a utilisé, sans leur accord, les avoirs de ses clients pour effectuer des transactions à risque via sa société sœur Alameda, acheter des biens immobiliers ou faire des donations politiques.

Soumise à des demandes massives de retraits venues de clients paniqués, FTX a implosé en novembre 2022. Au moment de son dépôt de bilan, environ 9 milliards de dollars manquaient à l'appel. Les liquidateurs du groupe ont déjà récupéré environ 6,4 milliards de dollars en numéraire et prévoient de rembourser intégralement les clients lésés.

"Une mégalomanie pernicieuse"

Face à la menace d'une très lourde peine, les avocats de Sam Bankman-Fried, qui vient de fêter ses 32 ans, avaient cherché à dépeindre un "SBF" plus humain que le manipulateur décrit lors de son procès. "Ceux qui connaissent Sam savent qu'il est désintéressé, altruiste", avaient écrit ses conseils dans un document soumis au juge Kaplan avant l'audience, accompagné de dizaines de lettres de soutien de proches. Les personnes qui l'ont côtoyé "comprennent que sa conduite n'a 'jamais été motivée par la cupidité ou la soif de prestige'", appuyaient-ils, citant un des témoignages à l'appui de leur demande.

Lors de son procès, qui aura duré cinq semaines, les avocats de "SBF" l'avaient présenté comme un jeune chef d'entreprise dépassé par sa charge de travail et victime des erreurs de jugement de ses associés et employés. Pour obtenir la clémence du magistrat fédéral, ils avaient aussi mentionné le fait que cet ancien trader présentait des troubles du spectre de l'autisme, ce qui le rend, selon eux, "vulnérable au sein d'une population carcérale". Forts de ces éléments, ils avaient suggéré une peine comprise entre un peu plus de cinq ans et six ans et demi de prison. 

Mais sa défense avait été fragilisée par les témoignages de trois anciens cadres de FTX et d'Alameda, qui ont tous mis en évidence, de façon détaillée, son rôle moteur dans la fraude. "Il comprenait les règles, mais a décidé qu'elles ne lui étaient pas applicables", avait insisté le bureau du procureur dans un document transmis au juge, évoquant une "mégalomanie pernicieuse" et "un complexe de supériorité".


Y.R. avec AFP

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